Cyberassurance en France : vers un marché plus équilibré mais sous haute tension en 2025

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Après plusieurs années de croissance rapide, le marché français de la cyberassurance entre en 2025 dans une nouvelle phase de maturité marquée par des signaux contrastés. D’après la cinquième édition de l’étude “Lucy”, publiée par l’Amrae (Association pour le Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise), le secteur connaît pour la première fois une baisse des primes collectées, tout en élargissant sa couverture, notamment auprès des ETI et PME.

Cyberassurance en France

📉 Un recul inédit des primes, mais une base assurantielle plus large

En 2024, les primes de cyberassurance se sont élevées à 317 millions d’euros, contre 328 millions l’année précédente – soit une baisse de 3 %, la première depuis 2019. Cette évolution s’explique notamment par une baisse généralisée des taux de prime moyen, estimée à -18 % pour les grandes entreprises, favorisant des renouvellements à des conditions plus souples.

Cependant, cette baisse tarifaire s’est accompagnée d’un élargissement significatif du nombre de contrats, avec 14 124 polices analysées dans l’étude. Les ETI et PME sont désormais plus nombreuses à souscrire une couverture cyber, profitant de conditions d’accès plus attractives.

⚠️ Hausse des sinistres : une alerte pour les assureurs

Malgré cette démocratisation, le marché fait face à une hausse alarmante des sinistres. En 2024, le total des indemnisations s’élève à 55 millions d’euros, soit une augmentation de 43 %, marquée notamment par deux sinistres majeurs supérieurs à 10 millions d’euros – un fait inédit depuis plusieurs années.

Chez les grandes entreprises, le nombre de sinistres est passé de 28 à 51 (+82 %), et le coût total a doublé. Du côté des ETI, si le montant moyen des indemnisations a diminué, le nombre de sinistres déclarés a explosé de 117 %, ce qui témoigne d’une prise de conscience accrue et d’une meilleure maturité des déclarations, notamment grâce à des mesures incitatives comme l’obligation de plainte sous 72h.

📊 Des franchises en baisse et une meilleure accessibilité

Autre indicateur d’évolution : la réduction des franchises dans les contrats. Chez les ETI, le seuil moyen est passé de 218 000 € à 110 000 €, et chez les grandes entreprises de 7,6 M€ à 6,5 M€. Cela rend l’assurance plus accessible, même pour des structures auparavant peu couvertes, et encourage une meilleure gestion des risques.

🔮 Perspectives 2025 : un marché à stabiliser

Pour 2025, les projections indiquent une poursuite de la baisse des taux de prime, notamment chez les ETI, dans un contexte de cybermenaces toujours plus complexes. Le dilemme budgétaire – entre investissements en intelligence artificielle et cybersécurité – risque toutefois de limiter la capacité assurée des grandes entreprises, qui n’a que légèrement augmenté (de 39,6 à 42,6 millions d’euros).

Point positif : le segment des PME affiche une croissance impressionnante, avec une hausse de 66 % des primes souscrites. Néanmoins, le marché reste immature pour ces structures, et l’entrée en vigueur de la directive NIS 2 pourrait accélérer leur adoption d’assurances cyber obligatoires.

✅ Conclusion : Un marché à fort potentiel, mais fragile

En résumé, le marché de la cyberassurance en France en 2025 affiche des signes de maturité et d’ouverture, mais reste vulnérable face à l’augmentation de la sinistralité. Pour les assureurs comme pour les entreprises, l’enjeu est désormais de trouver un modèle durable, équilibrant accessibilité, prévention et solidité économique.

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